S’il fallait parler derupture, en voilà une. Les dissidents de Ni putes ni soumises (NPNS) viennent de fonder une nouvelle association : les Insoumis-es. Dernier soubresaut de la crise qui secoue l’association depuis la nomination, en juin, de sa présidente, Fadela Amara, au poste de secrétaire d’Etat à la politique de la ville. La semaine dernière, une vingtaine de comités choisissaient de s’autodissoudre, après plusieurs mois de crise. Aujourd’hui, une grande partie d’entre eux se retrouve dans les Insoumis-es. Ils se veulent «Ni victimaires ni sécuritaires» . Militants, parrains, membres fondateurs ou simples sympathisants de NPNS, ils souhaitent «reprendre leur liberté pour co ntinuer à faire vivre les valeurs de Ni putes ni soumises sous une forme nouvelle. En toute indépendance» .
Les signataires de ce nouveau manifeste rendent hommage à leur ancienne association qui a permis de «libérer» la parole des femmes des quartiers. Ils n’oublient pas de saluer également Fadela Amara, dont ils disent aimer «le courage et la force de caractère» . Mais ils estiment que cette parole ne doit pas être «instrumentalisée au service d’une politique sécuritaire », et qu’en rentrant au gouvernement aux côtés de Christine Boutin, Fadela Amara est devenue «solidaire» du programme de Nicolas Sarkozy.
«Comment Ni Putes ni soumises pourrait-il faire entendre sa voix si le mouvement n’est pas indépendant de l’actuel gouvernement ?» se demandent les signataires. Question, estiment-ils, sans réponse à l’intérieur du mouvement. La présidente par intérim, Sihem Habchi, devait remettre son mandat en jeu. Il n’en a rien été. Le congrès, prévu pour l’automne, a été repoussé au printemps, comme les élections. Autre sujet de fâcherie :le secrétaire général de NPNS, Mohammed Abdi – condamné à six mois de prison ferme le 17 octobre, (Libération d’hier) –, est devenu le «conseiller spécial» de Fadela Amara à son cabinet.
Parmi les signataires, on retrouve d’anciens salariés ou des militants de comités locaux démissionnaires, ou encore d’anciens vice-présidents. Safia Lebdi et Olivier Bassuet avaient ainsi participé à un tour de France qui avait rendu célèbre l’association et s’était conclu à Matignon, le 8 mars 2003.
Les Insoumis-es «aura pour but de fédérer toutes celles et ceux qui souhaitent sincèrement continuer à défendre les valeurs universelles du féminisme républicain et laïque. Sans esprit partisan ni étiquette», écrivent-ils. Ils invitent « toutes celles et ceux de NPNS, citoyens, militants, personnalités, associations nationales ou de quartiers», à les rejoindre. Des assises pour l’égalité et la laïcité seront organisées prochainement.
A Ni putes ni soumises, peu de commentaires. On préfère minimiser l’ampleur de la dissidence en insistant sur les comités «actifs» qui, eux, ont choisi de rester.